A. L’atelier couture (photos Corinne Spencer).
Faire un « clic droit/ouvrir dans un nouvel onglet » pour voir les photos en grand et dans le bon sens.
Fêtes Anne de Beaujeu de Chantelle
Ces fêtes s'inscrivent dans les festivités commémorant le cinquième centenaire de la mort d'Anne de Beaujeu, fille de Louis XI, régente de France pendant la minorité de son frère Charles VIII
Faire un « clic droit/ouvrir dans un nouvel onglet » pour voir les photos en grand et dans le bon sens.
Photos de Jean-Claude SYLLA (cliquer sur la miniature pour agrandir la photo)
Rendez-vous Dimanche 22 septembre pour l’ouverture des Fêtes Anne de Beaujeu de Chantelle… et d’autres photos!
La coiffe à la mode dans les années 1490-1520 est la « coiffe bretonne » mise à la mode par Anne de Bretagne à partir de son mariage avec Charles VIII en 1491.
Les conditions du mariage d’Anne de Bretagne avec Charles VIII en 1491 après l’union ratée avec Maximilien d’Autriche lui donne peu de prise sur le plan politique. Elle apporte la Bretagne en dot mais la plupart des forteresses sont occupées par des garnisons françaises. Et les juristes ont verrouillé son contrat de mariage afin que la Bretagne n’échappe pas au royaume de France.
Quant à Anne de Beaujeu, elle surveille très attentivement une belle-soeur au tempérament indépendant et conserve la haute main sur le domaine politique.
Il reste à Anne de Bretagne le domaine de la cour et de la mode. Elle va s’attacher les dames et demoiselles de l’entourage militaire du roi. Pour celles-ci, ce sera l’assurance de conclure de beaux mariages. Pour la reine, c’est une façon de s’affirmer face au poids politique d’Anne de Beaujeu. Il est donc naturel qu’Anne de Bretagne ait cherché à imposer un style « bretonnant », ne serait-ce que pour affirmer le peu de marge de liberté qu’on lui laissait.
Auguste Racinet rappelle à la fin du XIXe siècle que l’on observe encore dans les campagnes bretonnes les mêmes coiffes que celles qui étaient portées à la fin du XVe siècle. Il les décrit ainsi: « Les coiffures des femmes, basses et contenant les cheveux massés sur l’occiput, nouées par un lien indépendant, ont encore aujourd’hui leurs analogues dans nos campagnes ».
On peut donc déduire en observant les coiffes décrites par Racinet et les représentations iconographiques que la coiffe d’Anne de Bretagne se compose de trois parties distinctes:
Le béguin est constitué d’un demi disque de lin de 50 cm de diamètre environ. La partie droite est repliée sur 1cm puis 5 cm pour former la visagière et la partie arrondie est ourlée pour former une coulisse dans laquelle on passe un cordon. En resserrant le cordon, on enferme les cheveux dans la coiffe.
Le ruban est formé d’une bande de tissu d’environ 10-12cm sur 45-50cm de longueur (selon la morphologie). La bande est pliée dans la longueur et cousue (prévoir 1cm de marge de couture). Deux cordons ou rubans sont glissés dans les coutures des petits côtés. Elle est ensuite retournée et soigneusement repassée. Elle se bloque sur une natte de cheveux formant diadème afin d’éviter le basculement de la coiffe vers l’arrière…
Le chaperon est également construit comme le béguin mais un peu plus grand, selon l’époque (fin XVe ou premier quart XVIe) il sera plus long ou plus court: un rectangle arrondi sur un petit côté de 50-60cm sur 60-70cm de long environ. La visagière est cousue de la même façon que sur le béguin mais la partie arrondie est simplement ourlée, sans prévoir de coulisse. Le chaperon sera épinglé sur le ruban par des épingles fines ou ornées de perles ou de bijoux.
Vers 1530, le chaperon se transformera : la partie flottante sera ajustée sur la nuque et une « cornette » (longue bande de velours) cousue en haut de la coiffe sera à la mode avant de disparaître à son tour vers 1540-50…
Attention! Chaque personne ayant une morphologie différente et surtout une épaisseur de cheveux très variable, il faut prendre les mesures exactes sur la personne en suivant les consignes du patron.
Les dames enfilent une paire de chausses (l’équivalent de nos bas ) aux jambes. Elles « passoient lesdictes chausses le genoul au dessus par troys doigtz justement, et ceste liziere estoit de quelques belles broderies et descoupueures. Les jartieres (…) comprenoient le genoul au dessus et dessoubz » (Rabelais, Gargantua, 1534).
Simples rubans ou brodées, des jarretières faisaient tenir les chausses aux genoux autour desquels elles étaient enlacées, le lien passant dessous et dessus la rotule pour plus de tenue. Les chausses étaient taillées en biais dans de la toile de laine ou du drap de lin, selon la saison, voire tricotées à la main. Elles tenaient plus des grandes chaussettes que des bas du XXIe siècle. Elles portaient le même type de souliers que les hommes.
Les chausses et la chemise étaient les seuls sous-vêtements. La finesse et la blancheur de la chemise de lin étaient signes de distinction sociale. Son encolure était carrée ou légèrement trapézoïdale. Elle se laissait apercevoir à la lisière du décolleté des cottes et robes, selon l’effet recherché. Des effets ornementaux (plis, fins traits de broderie or, après 1510, ou noire, après 1530) pouvaient apparaître en bordure de col ou de manches.
Les dames ne portent pas de corset ni de soutien-gorge. Pas de culotte sous la chemise jusqu’au XIXe siècle.
Par dessus la chemise, les dames enfilaient un jupon et/ou une première robe, la cotte qui se laçait devant, derrière ou sur le côté du buste, système très pratique qui permettait de s’adapter aux variations de volume du corps, notamment lors des grossesses.
La mode étant à un buste bien ajusté par le vêtement, le corps (bustier) de cotte pouvait être étayé par des baleines végétales ou animales afin de lisser les chairs et de soutenir les seins.
La cotte était confectionnée en tissu précieux car on pouvait l’apercevoir à la lisière du décolleté de la robe ainsi qu’à l’ouverture de celle-ci, à l’avant de la jupe, ou encore lorsque la dame relevait sa longue robe pour marcher plus aisément.
Si le décolleté de la cotte, comme celui de la robe de dessus, découvrait assez largement le haut de la poitrine, il n’avait pas pour but de dévoiler trop de chair. Au début du règne de François Ier, le décolleté des robes à la française était beaucoup moins plongeant que celui des italiennes qui, à vrai dire, servait à mieux mettre en valeur les magnifiques chemises brodées couvrant leurs gorges . Dans le décolleté à la française, le creux des seins reste couvert par la ligne souvent légèrement incurvée du décolleté de la cotte ou de la robe, ou encore de la chemise.
Le décolleté était agrémenté d’un pendentif ou d’une médaille pieuse, parfois glissée au creux des seins, et, pour les plus fortunées, d’un magnifique carcan, large collier d’or.
La chemise ou une guimpe voilait une partie du décolleté. Il est vrai que ce dernier pouvait être transparent… car le système vestimentaire de la Renaissance jouait beaucoup sur l’apparition des dessous à la lisière, ou au travers, du vêtement de dessus.
L’une des principales caractéristiques de l’habit à la française, en ce premier tiers du XVIe siècle, est le port d’une robe à queue et à grandes manches. La robe à queue se distinguait de la robe « ronde », sans traîne donc, de la mode italienne. Le vertugadin à cerceaux, qui existait déjà alors en Espagne, n’était pas à la mode à la cour avant les années 1530.
En revanche la robe restait très volumineuse sur l’arrière (sa circonférence pouvait aller jusqu’à 5 m, d’après des reconstitutions) et assez pesante selon les matériaux employés (la robe était fourrée l’hiver). Cette structure conférait une démarche majestueuse. Néanmoins, pour faciliter la déambulation, ou pour dévoiler la doublure de la robe ou la cotte, on pouvait relever la queue et l’accrocher à un crochet « troussoir », exceptionnellement visible sur les illustrations, mais mentionné dans les inventaires après décès.
La jupe pouvait s’ouvrir à l’avant sur celle de la cotte, afin d’en montrer la couleur ou/et l’ornementation. Une longue ceinture de soie ou d’orfèvrerie pendait à l’avant. Une pomme d’ambre, boule ronde contenant des parfums secs, pouvait en garnir l’extrémité.
Les larges manches en entonnoir de la robe étaient relevées sur l’avant-bras, voire jusqu’aux épaules afin de rendre visible la somptuosité de leur revers (fourrures en hiver) et de dévoiler les mancherons, sous-manches amovibles, attachées par des liens à la cotte ou aux grandes manches. De longues taillades pouvaient laisser passer le tissu de la chemise à travers le mancheron. La couleur du mancheron tranchait avec celle de la robe et ce dernier pouvait être ornementé de diverses manières.
Enfin, un dernier élément définissait le style « à la française » : un couvre-chef « à templettes et à queue pendante ». En 1518-1520, les côtés latéraux de la têtière (partie qui entoure le visage) descendaient en arceau jusqu’au dessous des oreilles, à hauteur du menton. La têtière de ce chaperon était en réalité une superposition de petits bonnets de linge, blancs et rouges le plus souvent, dont un finement plissé. L’un d’eux était vraisemblablement structuré par une armature en arcade. Ce couvre-chef était ornementé de galons, passements ou petits bijoux dorés.
Une longue queue de soie noire, ou cornette, tombant jusqu’aux omoplates était ajoutée à cette structure. Cette superposition tenait certainement, comme d’autres parties du vêtement (bustier, revers de manches) grâce à des épingles, non visibles sur les portraits, mais abondantes dans les comptabilités royales, par exemple. On peut penser qu’un lien passant sous le menton, exceptionnellement représenté lui aussi dans l’iconographie, pouvait aider à tenir la coiffe.
Merci à Isabelle Paresys, université de Lille 3, et à Pierre-Gilles Girault, conservateur en chef du Monastère royal de Brou, pour ces précisions.
C’est par le jeu que l’enfant découvre son environnement, les règles du groupe social dans lequel il vit et exerce son habileté. Les enfants du début de la Renaissance (première moitié du XVIe siècle) jouent à des jeux traditionnels. Comme le veut l’usage de l’époque, ils sont vêtus comme de petits adultes. En voici quelques exemples au travers d’enluminures issues du Golf Book, conservé à la British Library…
Une chemise de lin tenait lieu de sous-vêtement. Sa finesse et sa blancheur étaient signes de distinction sociale, de même que l’ornementation apportée à l’encolure. Carrée et plus ou moins échancrée vers les épaules, celle-ci dégageait la base du cou. Une large échancrure de forme « bateau » était très appréciée à la cour au début du règne de François Ier. Le jeune roi, peint par Jean Clouet vers 1515-1520, se fit représenter avec ce type de chemise à l’encolure finement plissée et froncée.
Le col pouvait aussi être discrètement orné de broderie blanche ou or. La broderie noire semble apparaître un peu plus tard, dans les années 1520. Une chemise à col haut, montant légèrement sur le cou, était dite chemise à l’allemande.
La chemise était le seul vêtement lavable sans risque. De grandes buées de blanchisserie du linge avaient lieu une ou deux fois par an. Les comptes royaux mentionnent les gages de la « lavendiere de corps » personnelle du souverain, chargée de ce travail. Les gens très fortunés possédaient des chemises par douzaines afin de pouvoir en changer régulièrement.
La chemise restait bien visible à la lisière du col du pourpoint lui aussi rectangulaire mais plus échancré vers les épaules et la poitrine. En ce début de XVIe siècle, le pourpoint avait la particularité d’être sans ouverture sur l’avant (on le fermait sur le côté par des aiguillettes), ce qui rendait le buste lisse. L’ornementation du pourpoint dépendait de la couleur et des motifs des textiles utilisés. Dans le portrait de Lorenzo de Médicis commandé par le pape Léon X à Raphaël, le pourpoint jaune du jeune marié des fêtes de mai 1518 était fait d’un somptueux satin de soie broché à motif de grenade, très recherché dans les textiles de luxe de la Renaissance.
Des taillades verticales ou en biais, au travers desquelles on faisait bouffer une étoffe de couleur contrastante, ou des bandes de tissus appliquées sur le corps du pourpoint étaient aussi très appréciées. Plus exceptionnellement, le pourpoint était brodé d’or ou d’argent. On retrouvait le même type d’ornement aux manches.
Le pourpoint était muni à la taille d’une ceinture intérieure percée de nombreux œillets qui permettaient d’y attacher des chausses grâce aux aiguillettes, petits cordons dont le bout ferré, pour prévenir l’usure, pouvait être ouvragé à des fins ornementales.
Le pourpoint pouvait être long et muni de basques qui formait comme une jupette et dissimulait les hauts-de-chausses et leur fixation.
Le goût des taillades ou découpures, disposées sur les cuisses ou aux genoux (et sur les chaussures) s’était aussi emparé de cette partie de l’habit. Ces techniques devaient leur origine à la nécessité de fendre les étoffe, ou le cuir, à certains endroits et principalement aux articulations, alors que les matériaux étaient peu élastiques et que la mode devenait très ajustée au corps depuis le XIVe siècle. Les mercenaires suisses et les lansquenets germaniques, qui avaient adopté ces techniques à la fin du XVe siècle, contribuèrent à la diffusion de cette mode.
Les chausses étaient fabriquées par un artisan spécialisé, le chaussetier. La formule classique était une paire de longues chausses enrobant la jambe des orteils à la taille, cousues dans un drap de laine fin, et doublées.
Elles étaient plus ou moins généreusement deschicquettees (tailladées) aux cuisses et/ou genoux ce qui laissait apercevoir la doublure. Une jarretière pouvait être nouée sous le genou à des fins décoratives.
Un système plus « moderne » de la formule d’un haut de chausses, encore en tonnelet (moulant les cuisses), combiné à une paire de (bas de) chausses, a pu exister au tournant des années 1520.
Les chausses pouvaient être bi-parties, c’est-à-dire de deux couleurs, telles celles arborées par François Ier lors d’un pèlerinage à Chambéry, au printemps 1516 : la jambe droite était noire, alors que la gauche était à moitié noire et l’autre moitié blanche et tannée:
« Le Roi Très Chrétien ayant décidé d’accomplir un de ses vœux et d’aller à pieds à Chambéry pour voir le Saint Suaire du Christ, il revêt un pourpoint et un col faits de velours noir sur la moitié droite, et sur la moitié gauche, de velours noir tailladé qui laissait apparaître du velours tanné, et de drap d’or sur champ tanné ; chacune des deux moitiés est ornée de fils, la moitié noire de fils d’or et la moitié tannée de fils d’argent. La doublure est tirée à travers les taillades. Sa chemise est à l’allemande, avec un col haut travaillé de soie blanche. Les chausses sont de même couleurs que le pourpoint : la jambe droite est toute noire, la gauche à moitié noire vers l’intérieur, et l’autre moitié est faite de drap blanc et tanné. Le haut de chausse de droite est couvert de velours noir tailladé et doublé de drap d’or tanné ; jusqu’au genou la chausse est de velours noir, tailladée et doublée de toile qui dépasse des crevés figurant ainsi une chemise. Le haut de chausses est couvert sur la partie gauche de velours tanné tailladé qui laisse apparaître la toile d’argent utilisée comme doublure. Les deux chausses sont tailladées à la suisse, mais à deux endroits à l’extrémité de la chausse et sur les genoux, et les taillades sont cousues de petits points de fils d’or. Aux pieds, il porte des escarpins de velours noir à la française. Sur la tête, il arbore une coiffe d’or et dessus un béret blanc passementé de drap d’or tanné, avec un grand panache à la suisse, la moitié droite étant constituée de plumes noires et la moitié gauche de plumes tannées et blanches. Il porte au côté son épée à poignée d’argent et fourreau blanc sur une ceinture blanche et tannée. Il porte à la main un grand bourdon (…). Il est ainsi vêtu, en compagnie de nombreux seigneurs et gentilshommes habillés des mêmes livrées et devises, mais de différentes façons selon leur fantaisie, plus ou moins riches (…) »
Source : Raffaele Tamaglio (ed.), Federico Gonzaga alla corte di Francesco I di Francia, nel carteggio privato con Mantoua (1515-1517), Paris, Honoré Champion, 1997, p. 246-247.
Les chausses étaient munies d’une braguette, « la forme d’icelle comme d’un arc-boutant », commentait Rabelais (Gargantua, 1534). Elle était plus ou moins proéminente selon la bragardise ou exhibition de virilité, de force, de puissance que souhaite afficher son porteur. Rendue nécessaire par le raccourcissement du vêtement masculin depuis le XIVe siècle, elle devint de plus en plus ostentatoire pendant le premier quart du XVIe siècle, notamment chez les lansquenets germaniques. Les gentilshommes, qui étaient aussi des guerriers, l’arboraient eux aussi. On pouvait la deviner à travers l’ouverture des basques de leur sayon.
Les chaussures du gentilhomme étaient semblables dans leurs matériaux à celles des dames, sans distinction entre pied gauche et pied droit. Si celles des dames étaient à peine perceptibles sous leurs longs habits, celles des hommes avaient la particularité d’être visibles, et même… très voyantes. En effet, la mode étaient pendant une bonne partie de la première moitié du XVIe siècle, à la vogue de très larges souliers au niveau des orteils, appelés chaussures à pas d’ours, largement décolletés sur le coup de pied, tenues par une bride. Pour plus de souplesse, les extrémités pouvaient être tailladées, joignant confort et agrément.
Au dessus du pourpoint, le gentilhomme enfilait un sayon, vêtement plus long dont les basques descendaient jusqu’aux genoux. Le corps du sayon se fermait sur l’avant ou sur le côté, dans le cas d’une encolure « bateau ». Il pouvait aussi être échancré jusqu’à la taille à l’avant du buste.
Lorenzo de Médicis, peint par Raphaël en 1518, porte ce type de sayon aux tissu et couleurs assortis à ceux du pourpoint. On aperçoit la ceinture de celui-ci dont les basques, en forme de jupette plissée, sont blanches et or. Une ceinture de soie grise orne la taille, ceinte d’une épée ou d’une dague dont le pommeau se laisse entrevoir sous le manteau.
Finement travaillée au pommeau, à la poignée, à la garde voire sur la lame, l’épée d’apparat n’en restait pas moins une véritable arme. Une lourde chaîne d’or pouvait agrémenter le buste pour les cérémonies. Le gentilhomme n’avait rien à envier aux dames en terme de parure et de luxe.
Sur le sayon et le pourpoint, le gentilhomme revêtait un manteau encore assez long, vers 1518-1520, puisqu’il descendait jusqu’aux genoux ou mollets. Les manches étaient volumineuses : larges et pendantes, parfois fendues verticalement ou horizontalement afin d’y faire passer les manches de l’avant-bras du sayon ou du pourpoint. Une nouvelle mode, celle de grosses manches ballons au niveau des biceps, semble apparaître à ce moment-là. Associé à un large col rabattu sur le dos, le manteau donnait au corps masculin une « carrure d’athlète » recherchée.
Les parements de fourrure avaient une fonction calorimétrique. Visibles au col et à l’ouverture du manteau, ils conjuguaient la fonction ostentatoire des fourrures précieuses à la fonction ornementale.
Une dogaline ou chamarre, pouvait remplacer le manteau classique. C’était une sorte de cape, longue jusqu’aux genoux, dont les pans latéraux étaient remontés sur les bras jusqu’aux épaules. C’est ce type de manteau que porte François Ier dans son portrait le plus célèbre.
Néanmoins, lors des fêtes et cérémonies, le gentilhomme arborait plutôt une robe, de toile d’or ou d’argent, qui donnait à la cour toute sa brillance. Ainsi, le 25 avril 1518 à Amboise, les courtisans qui escortèrent le Dauphin jusqu’aux fonds baptismaux étaient tous vêtus de robes de draps d’or.
Si l’iconographie se dispense de représenter le roi et les courtisans vêtus de robes, les achats pour la garde-robe royale et les inventaires de demeures confirment l’importance de la robe dans le vestiaires masculin, tout au long du XVIe siècle. La robe était ouverte sur l’avant et le métrage de tissu était aussi important que celui employé pour une robe féminine. Elle pouvait être ornementée de fourrure, passements et broderies, comme l’était le manteau.
Le couvre-chef masculin à la française était un bonnet à bords relevés (rebras), noir le plus souvent, dont les bords pouvaient être taillés en créneaux. Un ruban pouvait aider à maintenir les rebras relevés et passait sans doute sous le menton lorsqu’on les rabattait sur les oreilles. Une large enseigne d’or ou d’argent, à sujet religieux ou parfois antiquisant, ornait le front du bonnet. Quelques fers d’or et une plume pouvaient agrémenter le tout.
La mode du bonnet de Milan semble apparaître au tournant des années 1510-1520. On portait alors, sous un large béret, une calotte d’étoffe ou une résille qui enserrait la chevelure.
En effet, les cheveux se portaient encore mi-longs, coupés en carrés sous les oreilles avec frange sur le front, ou encore coiffés comme sur le portrait du jeune roi ou celui de Juste de Tournon par Jean Clouet vers 1515.
Barbus et glabres devaient se côtoyer à la cour. Les années 1518-20 furent certainement des années de transition vers le port de la barbe. Des dessins de Clouet montrent des hommes glabres ou barbus. Ce sont les Italiens qui lancèrent cette mode dans les cours lors des guerres d’Italie.
Lorenzo de Medici, peint par Raphaël porte une barbe fournie. Dans une Italie meurtrie par la guerre, par la présence étrangère, et qui s’interrogeait sur la perte de ses valeurs militaires, la barbe fut une réponse et une adaptation de la masculinité. Elle devint l’ornement de la virilité, d’une masculinisation de l’apparence du courtisan, soldat cultivé qui fréquentait les dames.
Le portrait de François Ier par Clouet vers 1515 le représente avec une barbe naissante, mais les auteurs invoquent plusieurs origines plus ou moins légendaires à cette pilosité royale : une blessure reçue à la tête à l’Épiphanie 1521 ou le vœu fait, conjointement avec Henry VIII d’Angleterre en août 1519, de ne plus se raser avant de se rencontrer.
Merci à Isabelle Paresys, université de Lille 3, et à Hémiole pour ces précisions.
Oui, mais…. Cela dépend des matières utilisées, des ajouts décoratifs, et de nombreux petits détails…. Sans parler des heures de travail qu’il nécessite.
Il faut toujours garder à l’esprit que pratiquement jusqu’au début du XIXe siècle, 95% de la population était composée d’agriculteurs, d’artisans, de petits commerçants… Les élites (noblesse et grands financiers) ne représentaient que 4% de la population totale et le clergé seulement 1%.
Donc, on a plus de chance de « tomber juste » en choisissant un statut simple qu’un statut noble… (et en plus, ça coûte moins cher en temps et en argent!).
Pour le projet Anne de Beaujeu, la période considérée est le début du XVIe siècle (elle décède en 1522 qui est notre terminus ad quem). On peut donc utiliser des sources iconographiques (enluminures, tableaux, etc.) datant des années 1480 environ jusqu’à 1522, c’est-à-dire sur environ une génération, sans trop risquer l’anachronisme. Le costume change moins au cours de cette période pour les statuts simples que pour les plus hauts statuts. (Raison de plus pour choisir un statut simple!).
Pour éviter les erreurs d’interprétation, il faut choisir une source (voir les articles précédemment publiés sur le blog) et « copier » (oui, oui, c’est permis!) la tenue choisie. La comparaison avec d’autres sources de la même période permet de vérifier certains aspects du vêtement, plus ou moins visibles selon les sources.
Enfin, il faut respecter la chronologie et être cohérent (éviter de porter une robe simple fin XVe avec une coiffe des années 1520!)….
Le gambison est la pièce importante de la tenue de l’homme d’armes durant tout le Moyen-Age et à la Renaissance.Il s’agit d’un vêtement rembourré, porté sous la cotte de maille ou l’armure. Il est destiné à amortir les chocs. Mais il peut également se porter seul, comme une armure souple, lorsque le niveau de danger est faible…
Les pièces de musées montrent des pièces dans des états variables… On peut toutefois en tirer quelques interprétations pour réaliser aujourd’hui des gambisons. Il convient d’utiliser une toile épaisse, de préférence de lin, mais du drap de coton bien épais fera l’affaire. Le rembourrage est constitué au mieux d’une nappe de laine ou de coton, ou d’épaisseurs de draps de lin ou de coton fin… La ouatine a le défaut majeur de s’écraser assez rapidement… D’aucuns utilisent de vieilles serviettes de toilette en tissu-éponge (chuuuuuut!), qui ont un bon rendu pour le gonflant et ne sont pas visibles.